L’histoire oui,  mais alors, toute l’histoire !

L’histoire oui, mais alors, toute l’histoire !

2 avril 2019 Non Par CGT Pénitentiaire

Cela aurait pu être un poisson d’avril car daté du 1er avril 2019. Mais non, dans un écrit baptisé « passé – présent – et quel avenir ? », le SPS s’essaie à l’histoire du syndicalisme d’un point de vue global mais aussi dans l’administration pénitentiaire.

Mais évidemment, le décor historique ici planté ne sert qu’à la finalité recherchée et qu’à un seul but, c’est à dire affirmer aux personnels que le changement passera par le SPS, le seul qui offrirait une offre de service unitaire pour l’action. Nous y reviendrons.

Le risque avec l’histoire est de faire un texte long et copieux mais pourtant nécessaire. C’est souvent le cas avec cette matière qui ne souffre d’aucun raccourci. Nous passerons donc ici la première partie trop courte sur la fondation du syndicalisme dans notre pays pour nous concentrer sur la partie pénitentiaire. Et nous essaierons de ne pas commettre les mêmes simplifications pour nous attarder sur les faits.

Curieusement, le SPS démarre l’histoire du syndicalisme pénitentiaire en 1955, avec la constitution de FO pénitentiaire. Pourquoi ainsi avoir choisi cette date ? C’est curieux. Sans doute que le rédacteur voulait un point de départ qui parle aux gens en évoquant un syndicat toujours d’actualité dans la pénitentiaire.

Mais alors, il aurait dû évoquer la CGT Pénitentiaire puisque le 27 septembre 1924, l’association générale des gardiens de prison (il n’y avait jusque-là que des associations ou amicales de gardiens de prison) adhère à la fédération de l’administration générale CGT des fonctionnaires. En effet, si la loi du 24 mars 1884 reconnaît le droit syndical (la CGT naît en 1895), la jurisprudence de la Cour de Cassation et du Conseil d’État exclut tous les fonctionnaires de cette loi jusqu’en 1920. Ce qui fait de la CGT, au sens légal du terme, le premier syndicat dans la pénitentiaire.

Il n’est pas inutile de rappeler ici que la première association pénitentiaire, dite association générale des agents du service de surveillance de l’administration pénitentiaire, le 12 décembre 1905, est accueillie par l’amicale des gardiens de la paix, et qui pose déjà, la question de l’alignement des traitements des uns et des autres. Revendication paritaire qui a traversé toutes les époques.

Passons au temps contemporain : il est important de rappeler aussi que l’émiettement syndical touche toutes les corporations, thème qui traverse l’écrit du SPS. Si plusieurs syndicats existent, c’est que des sensibilités différentes traversent les salariés et pour X raisons, il y a donc plusieurs syndicats. Faut-il le regretter ? C’est un débat, effectivement sur la division des salariés lorsqu’ils abordent des conflits mais c’est ainsi. Sinon, il n’y aurait que la CGT dans ce pays, CGT créée en 1895 !

Ceci étant rappelé, le SPS confond le syndicalisme, l’unité d’action, avec ses propres intérêts liés à courte existence : pourquoi ne pas rappeler alors qu’en 1985, un mouvement unitaire puissant a concrétisé la prise en compte de l’ISS dans le calcul des droits à pensions ?

Pourquoi s’attarder si peu sur dix conflits en presque huit ans entre 1988 et 1995 qui ont tout de même révolutionné l’institution et ont abouti à l’obtention du 1/5ème en 1996?

Tout ceci n’est pas rien et ce n’est pas parce qu’on ne l’a pas vécu qu’il faut l’ignorer ou le minorer pour vouloir exister à tout prix !

C’est ainsi que finalement, par un raccourci historique phénoménal, le SPS enjambe toute cette période, en la bâclant mais tout en en égratignant soigneusement la conduite des uns et des autres, sans en connaître la philosophie, pour nous amener enfin à son essentiel, soit, la création du SPS en 2004, point de départ, selon lui « d’une nouvelle génération de militants qui s’insurgent contre l’ordre syndical établi, dans lequel (bien sûr) les carriéristes ont toujours la mainmise ». Ben voyons !!!

La CGT Pénitentiaire n’ira pas plus loin sur la partie contemporaine et notamment sur janvier 2018 où chacun sait lire et sait qui a fait quoi lors de cette période récente.

Cependant, la CGT Pénitentiaire ne peut passer sous silence les interprétations sur la partie qui touche les actions de début 2019 où le SPS se dédouane de tout, en laissant supposer que l’unité d’action était tardive et « les militants déjà essoufflés ».

L’une des vérités est que oui, il est difficile de lutter aujourd’hui sans l’adhésion de tous les syndicats autour de l’unité des personnels. Il ne suffit pas de décréter un mouvement pour qu’il prenne. Clairement, la CGT Pénitentiaire le regrette mais c’est ainsi. Après Vendin, en 2018, le mouvement était fort car unitaire mais dès lors qu’une organisation a quitté la table, cela s’est malheureusement démobilisé sur l’autel de la discorde. En 2019, après Condé, le mouvement a été fort mais compliqué à tenir avec une organisation (l’UFAP) en dehors de l’unité.

Et puis, en matière de leçon, le SPS devrait se taire car son attitude d’être dans un premier temps dans l’unité syndicale puis de refuser toute entente, plate-forme syndicale et autres écrits parce que les revendications ne touchaient pas les seuls surveillants, a été aussi un moteur de la désunion.

En la matière, ce n’est pas aux autres de faire leur révolution, c’est au SPS.

Multi-catégoriels, oui nous le sommes ! La CGT Pénitentiaire, dans un conflit, revendique aussi pour les personnels techniques ou administratifs qui n’ont pas de gros salaires concernant les catégories C, qui manquent d’effectifs, qui sont des nôtres et qui ont également de mauvaises conditions de travail !

Alors, le SPS doit passer ce cap : libre à lui de syndiquer la ou les catégories qu’il souhaite, nous le respectons. Mais libre à nous de syndiquer aussi d’autres corps de métiers pénitentiaires.

La recherche de l’unité, c’est être en capacité d’en laisser sur ses propres exigences syndicales, sans vouloir imposer ses points de vue, ceci visant à rechercher l’intérêt commun !

Montreuil, le 02 avril 2019