Le 1er  Mai n’appartient  qu’aux travailleurs !!!

Le 1er Mai n’appartient qu’aux travailleurs !!!

24 avril 2018 Non Par CGT Pénitentiaire

Une vulgate bien établie fait remonter les origines du 1er mai aux évènements de Chicago en 1886 où la grève des ouvriers américains pour la journée de huit heures se termine dans un bain de sang. Certes, si cette parenté n’est pas entièrement dénuée de tout fondement, elle n’est pas tout à fait exacte, car elle masque, en réalité, la place éminente qu’occupe le mouvement ouvrier français dans la genèse de cette histoire.

C’est en juillet 1889, et certainement dans l’espoir d’apporter un utile contrepoint prolétarien aux célébrations du centenaire de la Révolution française, que le mouvement socialiste international décide de se donner rendez-vous à Paris. Organisé à l’initiative de guesdistes, de blanquistes et de la tendance Vaillant de la Fédération nationale des syndicats, le Congrès international socialiste rassemble, dans « la salle des Fantaisies parisiennes », du 14 au 21 juillet 1889, 377 délégués venus du monde entier.

C’est au cours de ce Congrès que va naître réellement la journée internationale des travailleurs. Le 20 juillet 1889, sur proposition de Raymond Lavigne, alors secrétaire de la Fédération nationale des syndicats, les délégués adoptèrent à l’unanimité une résolution appelant les travailleurs à organiser « une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent en demeurent de réduire légalement à huit heures la journée de travail ». Au cours des débats, la date retenue fut fixée au 1er Mai, en référence à la décision prise en 1888 par l’American Fédération of Labor lors de son Congrès de St. Louis, de faire du 1er Mai 1890 un temps fort de lutte pour la journée de huit heures.

1890

Les premières manifestations du 1er Mai eurent lieu pour la première fois en 1890. D’emblée la dimension internationale des mobilisations, aux formes diverses et d’ampleur inégale, frappent les esprits. L’objectif central reste la journée de huit heures, mais d’autres thèmes revendicatifs émergent selon les contextes nationaux. Quoiqu’il en soit, le caractère universel et la force des mobilisations donnent un retentissement considérable à cet évènement.

1891

Le deuxième 1er Mai devait être tragiquement endeuillé par ce qui se passa à Fourmies où tombèrent les premiers martyrs de la journée internationale des travailleurs. La troupe présente tire sur la foule rassemblée. Le bilan est lourd : dix morts et plusieurs dizaines de blessés. L’indignation provoquée par ce massacre traverse aussitôt le pays et dépasse les frontières. Sans nul doute, ce drame contribua à donner à cette journée une nouvelle dimension de lutte, de solidarité et de générosité ouvrières.

 

1906

À la fin du XIXe siècle, l’enthousiasme initial tend à s’estomper. C’est la CGT, inspirée par le grand projet de la grève générale et par le désir de paix entre les nations, qui réactive les mobilisations. Ce désir de « prendre la rue » culmine à l’occasion du 1er Mai 1906 qui fut certainement la plus grande manifestation organisée par la jeune CGT en faveur des huit heures.

 

1919

L’expérience révolutionnaire qui se joue à l’Est concentre tous les regards et encourage toutes les audaces, une dynamique révolutionnaire se déploie à nouveau. Pour contrer son extension, le gouvernement de Georges Clemenceau présente le 8 avril un projet de loi sur la journée de huit heures. Il est voté à l’unanimité par la Chambre le 17 avril, et ratifié le 23 par le Sénat. Le 1er Mai sera cette année d’une ampleur considérable, les grèves sont massives et les cortèges impressionnent.

1936

Face au péril fasciste, une puissante vague unitaire déferle sur le pays, elle se concrétise au sommet par la création d’un Comité national de rassemblement populaire au lendemain du 14 juillet 1935. Cette contagion unitaire gagne le mouvement syndical, et le Congrès de Toulouse, du 2 au 6 mars 1936, met fin à quinze années de divisions syndicales. Le 1er Mai 1936 sera le cadre d’arrêts massifs du travail et de puissantes manifestations qui annoncent les grèves généralisées avec occupation des usines qui se produisent dans les semaines qui vont suivre.

1941

C’est pendant l’occupation allemande, les 12 et 24 avril 1941, que les responsables de l’État français décident, à l’image de ce qui a été pratiqué dans l’Allemagne nazie ou en Espagne franquiste, d’institutionnaliser le 1er Mai pour en subvertir le sens originel. Dorénavant, cette journée est officiellement désignée comme la Fête du Travail et de la Concorde sociale et elle devient chômée. Tout est fait à cette occasion pour vider le 1er Mai de sa substance révolutionnaire et pour le rattacher aux vieilles coutumes pagano- religieuses. Sur le plan symbolique le muguet refoule l’églantine.

La Libération

Au lendemain de l’écrasement du nazisme et du militarisme japonais, le 1er Mai est universellement célébré. En France, dès 1946, il se place sous le double signe de l’action revendicative et de la bataille pour le redressement national. Depuis 1947, le 1er Mai est un jour férié, obligatoirement chômé et payé.

1968

Après près de quinze ans d’interdiction de défiler à Paris, la CGT décide pour le 1er Mai de reconquérir les rues de Paris en lançant un appel à manifester de la République à la Bastille. Ce jour-là, près de cent mille travailleurs défilent dans les rues faisant la démonstration que les conditions sociales de l’explosion à venir étaient réunies.

Des années 1980 jusqu’à aujourd’hui

Dans les années 1980, un certain nombre d’acteurs non syndicaux (réfugiés, immigrés, etc.) s’approprient cette journée. À partir de 1988, le Front national s’en empare, plaçant Jeanne d’Arc au cœur de ses célébrations. On se souviendra également du 1er Mai 2002 marqué par la marée humaine défilant dans les rues sur l’ensemble du territoire français suite à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.

 

Montreuil, le 23 Avril  2018.

 

Communiqué CGT Pénitentiaire – Le 1er Mai n’appartient qu’aux travailleurs