Déclaration Liminaire  Au Comité Technique Administration Pénitentiaire du 23 Mai 2018

Déclaration Liminaire Au Comité Technique Administration Pénitentiaire du 23 Mai 2018

23 mai 2018 Non Par CGT Pénitentiaire

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les membres du CTAP,

 

Quasiment 4 mois se sont écoulés depuis la fin du conflit social des personnels pénitentiaires avec la signature d’un relevé de conclusions par une organisation professionnelle censée améliorer les conditions de travail et d’exercice des personnels. Il n’en est rien. Bien au contraire. Pas un jour se passe sans que des évènements graves se déroulent au sein de nos détentions, dans le cadre des missions extérieures autant judiciaires que médicales et pour couronner le tout, les agents sont une nouvelle fois agressés en dehors de leur service.

Tentative d’assassinat à Fleury, évasion d’un fiché S à Brest lors d’une extraction médicale, tentative d’évasion lors d’une extraction judiciaire au Palais de Justice de Angers, tabassage d’un agent à Aix qui quittait son service, etc….

Autant d’évènements qui indiquent clairement que la sécurité des personnels n’est pas ou plus assurée pour garantir l’intégrité physique des personnels et la bonne exécution des missions de service public pénitentiaire. La sécurité était le mot d’ordre lors de la mobilisation de janvier. Qu’en est-il aujourd’hui ?

 

La CGT Pénitentiaire est en droit de s’interroger puisque les mêmes maux, les mêmes souffrances sont toujours d’actualité. Malgré ces difficultés, cette Administration continue son bonhomme de chemin en mettant en œuvre ce qu’elle a dicté, ce qu’elle a décidé comme un seul homme, comme le fait du prince puisque le dialogue social n’a plus sa place depuis la mobilisation. Non seulement, le dialogue social est rompu avec certaines organisations professionnelles mais les agents, dans leur ensemble n’ont plus confiance en cette Administration, ce Ministère et ce Gouvernement. Pour preuve, les sanctions en sont l’exemple parfait. Après de multiples sollicitations et devant certains membres ici présents, vous nous aviez indiqué que seules les sanctions disciplinaires seraient maintenues pour les agents ayant exercé des violences physiques, fumisterie !!!! Vous avez été bien au-delà et pour le coup, l’application de trentièmes a été sans retenue. Consigne et mot d’ordre ont été bien entendus dans les DISP.

 

Vous avancez malheureusement à vue, sans aucune précaution ni garantie pour vos personnels. C’est à marche forcée. Les phénomènes de radicalisation explosent, de plus en plus d’incidents émergent de ces personnes suivies. Les QER et QDV sont mis en place ou sur le point de l’être. Les moyens humains et matériels sont-ils à la hauteur des enjeux ? La CGT Pénitentiaire peut en douter. Les recrutements sont en deçà des exigences de tels dispositifs.

L’évasion de Brest d’un détenu fiché S pour radicalisation lors d’une extraction médicale a réveillé de vieux démons à l’Administration : la gestion des missions extérieures et la gestion des personnes suivies pour radicalisation. L’émoi suscité a remis en selle les réunions liées aux missions extérieures qui se sont écoulées durant le premier semestre 2017. Faute d’accord dans la gestion des missions extérieures avec les organisations professionnelles représentatives, l’Administration a décidé tout de même de mettre en place les ELSP avec des projets de doctrine d’emplois. Cette application est un affront fait aux organisations professionnelles. Le risque zéro n’existe pas mais l’Administration se donne-t-elle les moyens d’assurer une gestion sécuritaire de ces missions. Les enseignements de l’évasion sanglante de Nantes en novembre 2013 ne sont toujours tirés malheureusement ? La CGT Pénitentiaire exige des moyens suffisants garantissant la sécurité des personnels : escortes à 3 agents minimum, interdiction de recrutement chauffeurs contractuels, refus d’utiliser la réserve pénitentiaire pour les missions d’extractions et uniformisation des pratiques professionnelles entre extractions judiciaires et médicales.

 

Vous l’aurez compris, les conditions de travail des personnels sont toujours aussi désastreuses, les rythmes de travail toujours effrénés, les heures supplémentaires toujours aussi présentes, les modes dégradés toujours appliqués, etc… Les personnels sont sur le qui-vive et se mobilisent pour dénoncer leur mal-être comme cela a pu être le cas sur Fleury-Mérogis dernièrement.

 

Pour la CGT Pénitentiaire, il va falloir une bonne fois pour toute que cette Administration prenne le taureau par les cornes pour avancer sereinement avec les organisations professionnelles dans les différents chantiers à venir. Un retour au dialogue social est primordial mais vous devrez entendre les légitimes revendications portées par les organisations professionnelles qui émanent de l’ensemble des personnels de l’Administration Pénitentiaire.

Montreuil, le 23 Mai 2018

 

Déclaration Liminaire CGT au CTAP du 23 Mai 2018