71628 détenus pour 61010 places : Record battu !

71628 détenus pour 61010 places : Record battu !

15 mai 2019 Non Par CGT Pénitentiaire

Il n’y a jamais eu autant de détenus dans les prisons françaises. Avec 71 628
personnes incarcérées pour 61 010 places opérationnelles au 1er avril 2019 (soit +
10 618), c’est un nouveau record qui vient d’être franchi mais soyons prudents, les
records, aussi tristes soient-ils, sont faits pour être battus !
1636 détenus dorment sur des matelas au sol.
La statistique d’avril vient d’être livrée au 14 mai 2019 sur le site du Ministère, site
qui précise que désormais, celle-ci ne sera plus mensuelle mais trimestrielle.
Prochaine publication, donc, juillet 2019 précise la Chancellerie. Le motif évoqué ?
Prendre du recul sur 3 mois pour une meilleure lecture !
Le Ministère aura du mal à nous convaincre de cet argument, cela ressemble plutôt
à un jeu de cache-misère, comme pour mettre la poussière sous le tapis !
Au 1er avril 2019, la densité carcérale moyenne s’établit à 118 % en hausse par rapport à
mars 2019 (116,7 %).
Elle est de 140 % en maison d’arrêt et supérieure ou égale à 200 % dans sept MA
et dépasse les 150 % dans 44 autres (sur 188 au total), avec quelques exemples
régionaux : QMA Bordeaux, 193 % – MA Auxerre, 172 % – MA Béthune, 204 % –
Cinq MA parisiennes dépassent les 170 % avec le record pour Meaux – MA La
Roche/Yon, 230 % – QMA Perpignan, 212 % – QMA de Baie Mahault, 192 % !
Ce qui ne suppose pas que ce soit plus « joyeux » dans les établissements pour
peine, la preuve par Vendin et Condé !
La part des prévenus, 1/3 (29 %), est toujours très élevée. La part des femmes (3,8 %) et
celle des mineurs (1 %), reste stable.
Rapportés à l’indigence du nombre de personnels, tous les éléments sont constitués pour
un cocktail explosif qui ne laissent rien présager de bon pour les mois à venir.
Le nombre croissant de personnes incarcérées n’est pas sans conséquence sur le
quotidien, les missions et les conditions de travail des personnels : tensions,
agressions, problèmes de cohabitation, profils particuliers, charges de travail
accrues dans tous les services, ras-le-bol des personnels (usés et fatigués)… sont
71628 détenus pour
61010 places :
Record battu !
autant d’éléments générateurs de la constitution de véritables poudrières au sein
de nos établissements pénitentiaires !
Afin de lutter contre cette surpopulation chronique, le gouvernement a prévu dans sa
réforme de la justice, promulguée le 23 mars 2019, un nouveau plan de création de 7000
nouvelles places d’ici la fin du quinquennat, plan d’ores et déjà saturé bien avant son
ouverture !
Le gouvernement entend également multiplier les alternatives en milieu ouvert, ce
qui ne signifie pas une baisse automatique du nombre des détenus puisqu’en même
temps, il garantit l’application des peines de plus d’un an, en supprimant tout
aménagement possible, ce qui conduira mécaniquement par contre à une hausse du
nombre de détenus !
Toutes les nouvelles dispositions devraient être applicables en mars 2020. Nous n’avons
malheureusement pas « hâte » d’assister à l’échec d’une énième politique pénale. Nul
doute que le président, comme tous les autres, saura nous dire alors que 5 ans de
« règne », c’est trop court pour voir l’impact de ses réformes ! « Donnez-moi cinq de
plus », nous dira-t-il, CQFD !
Depuis le début des années 90, la Pénitentiaire a augmenté d’environ 29 000 places
sa capacité d’accueil. Tout en doublant le nombre de ses agents pour atteindre un
plafond d’emploi de 19 000 ETP (Fin 80), à plus de 41 000 agents en 2019 : Sans
que pourtant cela ne change en rien nos situations critiques de travail.
Car entre le recrutement serré de personnels pour ouvrir des nouveaux
établissements et la création de nouvelles missions, couplés avec une vision du tout
carcéral qui crée une surpopulation pénale endémique, nous ne cessons de courir,
sans jamais le rattraper, après un ratio « surveillants – détenus », digne de ce nom.
Tout comme nous ne voyons jamais venir un autre politique
pénale. Ceci, au détriment de notre sécurité et de celle de nos
concitoyens.


Montreuil, le 15 mai 2019