Déclaration Liminaire : CTAP du 06 juillet 2020

Déclaration Liminaire : CTAP du 06 juillet 2020

6 juillet 2020 Non Par CGT Pénitentiaire
La CGT Pénitentiaire
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CTAP du 06 juillet 2020

Monsieur le Directeur, Mesdames, Messieurs, les membres du CTAP,

S’il y a bien un sujet qui restera gravé dans nos mémoires, c’est bien la crise sanitaire liée à la Covid-19 et ses ravages. En effet, le monde, la France, ont payé un lourd tribut durant cette pandémie avec un nombre considérable de morts et de personnes marquées à vie car infectées par ce virus. Ceci dit, il ne faut crier victoire trop vite. La pandémie est toujours présente. La pandémie est également active au sein de l’Administration Pénitentiaire. Cette dernière peut se gargariser dans ses communications qu’elle s’en est pas mal tirée mais tous les maux ne sont pas guéris.

En effet, une nouvelle épidémie se répand à toute vitesse, celle de l’écœurement et du dégoût au sein des personnels de tous corps et tous grades qui composent notre chère administration. Certes, elle est moins grave mais tout autant destructrice.

Comment ne pas réagir à la question du versement de la prime exceptionnelle dite Covid ou prime à l’absence ?

Est-il nécessaire de rappeler l’engagement des personnels pendant la période de confinement malgré les manquements de notre ministère et de notre administration ? Leur dévouement et leur implication ont permis d’éviter des incidents majeurs et généralisés au sein de nos détentions. Plusieurs évènements graves sont tout de même à déplorer sur la période de confinement, dont Uzerche, Ecrouves ou encore Majicavo.

Pour la CGT Pénitentiaire, nous croyons que vous avez la mémoire courte.

Monsieur Le Directeur, vous ne pouvez mésestimer les risques que vous avez fait subir aux personnels et de surcroît à notre mission de service public. La santé des uns et des autres a été mise en péril. Les personnels ont exercé sans moyens de protection pendant quasiment 3 semaines, vous vous devez d’assumer ce manquement sans vous retrancher derrière des recommandations gouvernementales qui n’ont eu de cesse de tergiverser, ne serait-ce que sur le port du masque. Un coup, c’est inutile et ensuite, c’est indispensable.

Mais bon, c’est à l’image du gouvernement. De belles promesses pendant le confinement pour des femmes et des hommes qui ont œuvré et qui se sont engagés quotidiennement pour assurer une continuité du service public comme a su le rappeler le Président de la République dans une allocution télévisée datée du 25 mars 2020. Il parlait là d’une reconnaissance de la Nation. Un message plein d’espoir pour les personnels qui se voyaient attribuer une prime de 1000 € pour service rendu. Bon gré, mal gré, les personnels se sont rendus disponibles conjuguant vie professionnelle et vie familiale. Les impératifs de confinement et de distanciations sociales ont eu des effets La CGT Pénitentiairenon négligeables sur les conditions de travail et sur les plans de continuité des services.

La fermeture des établissements scolaires, les alternances « travail-ASA » au sein des couples, le télétravail quasi impossible voire inexistant au sein des établissements et des structures pénitentiaires puisque les outils n’étaient pas à disposition des personnels, les organisations de service chamboulées, des locaux inadaptés pour maintenir des niveaux de sécurité sanitaires au sein d’un service, les congés annuels imposés, les agents victimes de la Covid, le corps à qui on appartient, le lieu d’exercice, etc… sont autant de difficultés qui sonnent le glas pour prétendre à la prime Covid d’un montant maximal de 1000 €.

Monsieur Le Directeur, les critères que vous avez mis en place sont d’une incroyable cruauté. Votre silence concernant les différentes interpellations syndicales en dit long sur votre intérêt à ne pas vouloir changer les choses et le mépris qui vous caractérise au sein des personnels.

Les agents ne sont pas des tricheurs car c’est bien de cela qu’il s’agit. Pourquoi autant de différenciations pour l’octroi d’une prime. A ce compte, pourquoi ne pas prendre la période de référence du 16 mars au 31 mars puisqu’elle correspond aux risques que vous avez fait encourir à vos agents pour ne pas avoir mis en place les protections sanitaires indispensables avec le port du masque.

Vous l’aurez compris, la prime Covid est le sujet de préoccupation des personnels dans cet après-confinement. La CGT Pénitentiaire souhaite, au plus profond d’elle, qu’une seconde vague n’est pas lieu mais elle ne pourra pas garantir l’état d’esprit des collègues sur cette possibilité. Il ne faudra pas s’étonner d’un éventuel désintéressement de son métier, qu’il soit de surveillance, de missions administratives, de missions techniques ou encore de réinsertion.

Les personnels ont la dent dure et la rancœur facile. Il n’est pas impossible qu’un vent de rébellion surgisse dans les semaines à venir.

Les primes sont des compléments financiers et les agents y sont vigilants. Cependant, et la CGT Pénitentiaire le revendique depuis plusieurs années, il faut une réforme statutaire et indemnitaire d’ambition pour valoriser et reconnaître les différents corps de notre ministère à commencer par le passage en catégorie B pour le personnel de surveillance.

À Paris, le 06 juillet 2020.