Prime de fidélisation ou Prime à la misère ?!!

Prime de fidélisation ou Prime à la misère ?!!

19 novembre 2018 Non Par CGT Pénitentiaire

Depuis maintenant plusieurs années, la CGT Pénitentiaire, comme l’ensemble des professionnels pénitentiaires, ne peuvent que constater les difficultés grandissantes de l’administration pour rendre attractif le métier de surveillant pénitentiaire. Le nombre de personnes présentes aux dernières épreuves écrites du concours de surveillant (près de 15        000 inscrits pour un peu moins de 3 000 présents) nous démontre bien le faible attrait des potentiels futurs collègues pour ce métier.

Alors que ce constat est unanimement partagé par les organisations syndicales et la DAP,  les seules réflexions portées par nos chers dirigeants se portent sur la fameuse prime de fidélisation, projet fraîchement ressorti des cartons, et qui nous avait été présenté lors de la phase de préparation du séminaire de juillet 2016. Pour rappel, cette réflexion découlait du relevé de conclusions de 2015.

Une vieille habitude dans cette administration : comment faire du neuf avec de l’ancien….

Cette prime sera attribuée de la manière suivante :

  • Une prime de 800€ pour les personnels des corps de commandement et d’encadrement et d’application du personnel de surveillance affectés, à la date d’entrée en vigueur du présent décret, depuis au moins trois ans dans un établissement ou service, faisant partie de la liste des structures identifiées par la DAP ;
  • Une prime de 1 000€ pour les personnels des corps de commandement et d’encadrement et d’application du personnel de surveillance affectés, à la date d’entrée en vigueur du présent décret, et justifiant de trois années consécutives dans un établissement ou service, faisant partie de la liste des structures identifiées par la DAP.
  • Une prime de fidélisation à l’adresse des membres des corps de commandement et d’encadrement et d’application du personnel de surveillance répondant aux deux conditions suivantes :
  • être nommé à l’issue de la réussite aux concours nationaux à affectation locale ;
  • exercer ses fonctions de façon effective pendant une durée minimale de six années consécutives dans un établissement ou service de la liste définie par la DAP.

Cette prime sera composée de trois fractions :

– 4 000 € bruts pour la première fraction, 1 000 € bruts pour la deuxième fraction et  3 000 € brut pour la troisième fraction.

Concernant la liste des établissements retenus pour une fidélisation prioritaire, celle-ci se compose de 23 établissements :

MA et PREJ VILLEPINTE CP SAINT-QUENTIN-FALLAVIER CD VILLENAUXE-LA-GRANDE
CP BOIS D’ARCY MA et PREJ FLEURY-MEROGIS CP BEAUVAIS
CP GRENOBLE-VARCES CP SUD-FRANCILIEN MA NICE
MA et PREJ OSNY CP AITON MA LYON CORBAS
MA SAINT-ETIENNE CD CHATEAUDUN CP CONDE-SUR-SARTHE
MA NANTERRE CP HAVRE MA PARIS-LA-SANTE
CP et PREJ MEAUX CP MARSEILLE CP et PREJ FRESNES
MA GRASSE CP VILLEFRANCHE-SUR-SAONE  

La CGT Pénitentiaire s’est opposée à cette prime. En effet, nous ne pouvons concevoir l’instauration d’une prime qui ne sera qu’à destination de quelques-uns, et de surcroît dans des proportions si différentes : prenons pour exemple, un surveillant qui exerce sur Fleury Mérogis depuis 6 ans. Cet agent percevra une prime de 800€ brut alors qu’un jeune agent, qui sera lui aussi affecté sur cet établissement, mais qui sera passé par le recrutement national à affectation locale, percevra une prime de 8 000€.

De plus, cette prime n’est ni plus, ni moins, qu’une prime accordée aux mauvaises                  conditions de travail. Une prime à la misère en sorte !..

Pour la CGT Pénitentiaire, si ces établissements pénitentiaires n’attirent que peu de monde, c’est principalement en lien avec les conditions de travail lamentables et exécrables que vivent les personnels sur ces structures : prises d’otage, agressions, menaces, insécurité, conditions de vie et familiale complètement humiliantes, heures supplémentaires, rythmes de travail infernaux, fatigue, stress, pression hiérarchique, burn-out, arrêts maladie, etc.…

Pour la CGT Pénitentiaire, les questions fondamentales de recrutement, d’attractivité et de fidélisation doivent être une priorité. À ce rythme-là, nous courrons un grand danger. Le peu de recrues et la « fuite » de collègues après quelques années passées au sein de notre administration sont des facteurs préoccupants. Mais pas à n’importe quel prix !

Pour la CGT Pénitentiaire, l’attractivité du métier doit passer par la refonte du métier de surveillant, dans le cadre d’une réforme statutaire enfin ambitieuse en catégorie B comme le prône la CGT Pénitentiaire depuis 2002, par des grilles indiciaires revalorisées, un nouveau régime indemnitaire à la hauteur des risques, par des conditions de travail dignes et optimales et par des rythmes de travail adaptés et un cadre de vie familiale préservé. C’est seulement à ce prix que notre profession retrouvera toute son attractivité. 

Montreuil, le 19 novembre 2018.

Communiqué National CGT Pénitentiaire – Prime de fidélisation